Mes
pieds nus et moi on s'acharne de toute façon, on ne se laisse pas
gâcher le moment, et on met de l'intention dans les enjambées, on
se déplace consciemment. C'est ce qui fait la beauté de ces
errances, ne pas marcher sans s'en rendre compte, ne pas marcher pour
aller quelque part, juste... marcher. Et puis l'air de la nuit, les
illuminations dans le ciel, le bruissement de l'obscurité, les ombres
isolées, la solitude avec l'univers.
La liberté incroyable sur
fond de goudron et encerclée par le vrombissement de
l'autoroute.
Chevaucher le béton apprivoisé, dévisager la lune pleine et dorée, avoir les yeux flous dans les nuages au-dessus, fermer les paupières
et continuer à voir les étoiles, étendre les bras pour feindre
l'équilibre sur l'aspirante-crête, dévaler la pente herbeuse le
visage fendu d'un sourire, laisse s'échapper quelques rires en
esquivant les attaques de jets d'eau, remuer les lèvres dans un
fredonnement oublié, s'abandonner à un peu de spontanéité, ne penser à rien et penser à tout en toute sérénité. Se sentir en vie, loin de
là où elle bat -son plein.
D'après J., ces excursions nocturnes me donnent un côté
encore plus “mystérieux”, et elle insiste. Et ça me fait rire,
parce que je suis difficilement énigmatique, en dépit des visions
romanesques avec lesquelles j'ai grandi. C'est juste que je partage
peu de moi, même quand je le fais, apparemment. Je ne sais pas
comment on fait je crois, ou je n'y arrive pas, ou peut-être que je ne me comprends
pas assez pour que d'autres puissent me décrypter, peu importe.
Je sais en revanche que j'ai détesté la lettre d'épanchement de T. qui suintait d'impudeur et s'adressait à quelqu'un qui n'était pas moi -je ne prétends pas savoir ce que je suis, seulement il existe des choses que je suis certaine de ne pas être. Il y a des gens dont je ne veux simplement pas connaître les tumultes intérieurs, même -surtout?- s'ils sont supposément flatteurs. Il y a des gens avec qui ça me fout terriblement mal à l'aise d'être confrontée à trop d'effusions.
Pour esquiver les justifications et les compte-rendus, je leur déballe des récits de luttes à mains nues contre les coyotes et évoque des fugues à destination de Washington, l'état, ou bien la mer. Je transforme le très joli très drôle passage des arrosages géants en une lutte épique, pour ne pas perdre sa poésie qui m’est propre. Je vais jusqu'à la fatigue de l'embarras pour être laissée en tête-à-tête avec mon instant.
Commentaires :
Re:
Je comprends l'impression je crois, j'ai souvent envie de commenter les textes dans les alentours sans vraiment savoir comment... (y a pas de probleme, je m'entends tres bien avec la procrastination)
Merci beaucoup!
LiliLou
Les mots sont pas toujours la pour exprimer les ressentis à la lecture. Après je suis peut-être, certainement même, courte en temps et en moyens. J'y reviendrais ailleurs, plus tard, demain? (oui je procrastine même sur ton blog jsuis culottée ahah)
bref tout et rien pour dire les mêmes choses,
j'adore.