L'odeur est une des perceptions les plus difficiles à fixer dans le temps. On peine à se remémorer des effluves, on ne peut pas vraiment faire réapparaître le souvenir d'un parfum, sans l'avoir sous le nez on n'en garde qu'une idée très vague. On peut savoir la senteur que portait quelque chose, sans pour autant être capable de la sentir par la pensée.
L'odeur est une des perceptions les plus difficiles à fixer dans le temps, et pourtant elle est souvent la seule chose qui s'attarde d'une personne qui s'absente, la seule trace fugitive mais concrète que son passage laisse derrière elle. L'odeur qui se dépose sur les vêtements, imprègne les draps, s'accroche à l'épiderme. Le paraphe de la peau, le testament de l'étreinte.
Je crois que c'est son odeur qui m'a le plus convaincue, c'est la première chose que j'ai remarquée d'elle, et sans doute celle qui me laisse le plus nostalgique. Parce que mon souvenir le plus fort de cette soirée-là, c'est son parfum, blotti entre mes bras dans le creux de la nuit et attaché à l'oreiller au petit matin.
J'ai beau manquer de nez, je suis pourtant étrangement sensible aux odeurs, et ce n'était pas la première fois que l'une d'elles m'attiraient contre un autre corps. D'ailleurs, dans le fait de fumer une cigarette, il me semble que ce que j'aime le plus, c'est l'arôme qui s'enroule et se fixe au bout de doigts.
Mais la dernière fois, j'ai eu beau le chercher dans la nuit, elle n'avait pas mis son parfum.
Je ne sais plus très bien si c'est moi qui ai adopté Montréal ou Montréal qui m'a adoptée. Probablement un peu ou beaucoup des deux. En tout cas je me sens à la maison ici. Dans les rues, les parcs, les salles de cours même, les bars, la bibliothèque. Dans la maison, dans ma chambre, avec mes douze colocs. Je me sens à la maison partout et en tout, et je ne me suis jamais sentie aussi chez moi dans ma vie.
Même si c'est fou
de penser qu'il y a tout juste trois mois j'étais encore en France
et qu'il y a six mois je sillonnais les voies ferrées de l'Europe
avec mon sac à dos. J'ai dû regarder le calendrier plusieurs fois
pour me persuader que je ne me trompais pas dans mes calculs. Ça
fait déjà si longtemps? Six mois, c'est la moitié d'une année,
six mois, c'est comme une éternité, et j'ai autant l'impression que
c'était hier, que l'impression qu'une vie entière est passée
depuis. Trois mois, c'est déjà presque la fin de la première
session, et même sans l'appréhension des examens, j'ai du mal à y
croire.
Peu importe, il suffira de célébrer ce soir.
Commentaires :
Re:
Merci, moi ça m'a fait plaisir ton commentaire! =)
aphone
En tout cas ça me fait plaisir de te lire =))