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Ma faute à toi ♪
--> Quelque chose s'est passé pour moi ce soir-là
Parce que depuis, cette fille me tangue dans le ventre.
Ça fait des papillons et des fourmis, tout un troupeau qui se noue en boule. Essaye de s'échapper, se heurte aux parois, et étouffe d'être là.
La soirée s'est enchaînée de rires en bières et de bières en rires, avec beaucoup de conneries, du champagne, de la peinture, un barbecue... Des jeux au milieu de la nuit et de la salle des maternelles.
Et puis, et puis, elle qui dansait, sa voix, son sourire. Tout en chamade dans ma tête. Alors que je ne la connais pas, ne la connaitrai jamais.
Ses clopes disparues, ses bribes de révélations alcoolisées. Ses remarques ambigües, alors qu'elle ne me voyait pas, pas là, pas comme ça.
Les fous rires à l'arrière de la voiture en trombe dans la ville, ses cris pour effrayer les cyclistes. Sa silhouette sur le trottoir sombre. Le tout dernier aperçu, sans le savoir.
Son image floue mais qui ne parvient pas à s'effacer, alors qu'elle n'a aucune raison d'être. Alors que je ne devrais même pas l'avoir remarquée.
(D'après grand-frère, elle et A. m'ont bien aimée, ça m'a fait mal de rire. S'ils savaient.)


Mais c'est même pas grave.


Parce qu'avec grand-frère, on a beau n'être au fond pas si proche, on se fabrique des instants précieux, à s'inventer une faune à pois, cure-dents, et mammouths en se promenant dans les bois, et à transcender la vieille ville par les traboules. -On croirait plonger dans un autre univers, qu'il a (presque) dit.-
(Mais il dit aussi beaucoup de conneries, grand-frère, il paraît qu'il aurait même dit que j'étais une fille bien)
Parce que j'ai marché pieds nus dans la montagne, vu le Mont-Blanc perchée à trente mètres de haut dans un arbre, nagé dans le lac jusqu'à ma bouée, fait la course à vélo avec un chien-loup, assisté à une boum agitée de cinquantenaires, échappé à une horde massive de lilliputiens portés sur les bisous.
Parce que j'ai vu défiler les champs, joué au Uno à la lueur d'une bougie, visité des plantes carnivores, initié Rob' au pseudo-camping, zieuté les étoile passagères en pleine campagne, goûté la culture locale -les jeux et les alcools.
Parce qu'il y a des fois où la vie est simple et les questions se mettent en pause. Parce que l'Allemagne c'est finalement pas si loin. Parce qu'avec Manchot, on fait le tour de la ville et du lac sans même avoir évoqué la direction à prendre, et puis qu'on improvise un combat de bambous dans la nuit, avant de partager un transat pour observer ce qui brille là-haut.
Parce que le mois d'août, même quand les vacances s'improvisaient en boulot, était un peu magique. Surtout à sauter de train en train, et même les doigts de pied dans les orties.

Et que c'est comme ça que s'était achevé Juillet:

J'ai regardé une dernière fois le centre alors qu'on s'éloignait en marche arrière, et j'ai pensé, c'est con comme c'est symbolique. De partir comme ça. Et puis j'ai pas eu le temps de l'amertume, parce qu'on grimpait les rues étroites avec l'autoradio à fond, les voix qui dansent, et le sourire incontrôlable. Qu'on s'est enfoncé dans la forêt et tous les souvenirs des dimanches de quand j'étais gosse par cette petite route. Et puis la campagne, les petits villages, si près pourtant de la banlieue. La maison-catalogue déco', sans un poil de fouillis ni de mauvais goût. Les récits de cette dernière journée, les blagues sur les gamins, le Ti Punch. Les bulles qui s'élèvent en douceur dans le cerveau, le magnétisme des capsules sur mon front, le reste flou et très joyeux. Le retour particulièrement animé dans la voiture dans la nuit, les détours par les petites rues pour éviter les contrôles de police, les débats vaseux à propos du Texas, de ses villes et de ses animaux sauvages.


Aussi, parce que ça balaie les miettes de sentiments que je ne m'efforçais déjà plus de rassembler. Et du coup, ça achève de réaliser le premier de la poignée de vœux que j'ai lancés aux étoiles filantes. Je sais ce que je veux, ou plutôt qui je ne veux pas. Ça m'aura pris un temps fou pour le comprendre. Encore maintenant, je doute en relisant des lignes fanées à propos du creux de son odeur et de ses bras.

(C'est bizarre d'être de retour -là où les seuls reliefs sont gris et bétonnés. Et c'est encore plus bizarre, la jolie page toute blanche devant moi -ceci est une métaphore.)
Ecrit par Plog, le Mardi 31 Août 2010, 22:59 dans la rubrique I'm Not There.

Commentaires :

aphone
aphone
04-09-10 à 04:54

Qu'est-ce que j'aime te lire !
LA SUITE !
=)

(Mon commentaire est d'une profondeur indiscutable)

 
Plog
Plog
05-09-10 à 21:13

Re:

Merci!

(Peut-être, mais il fait indiscutablement plaisir =))