Dans le port d'Amsterdam
J'ai jamais voyagé avec aussi peu de choses. Pourtant j'avais l'essentiel, le feutre calé sur ma tête, le cou plongé dans le keffieh, le Polaroid qui s'y balance, et un recueil jauni d'Aragon au fond du sac. Plus June & Lula en fond sonore.
Je suis jamais revenue avec autant non plus, dans la tête, les yeux et les oreilles, dans le cœur et les poumons, sans doute même jusqu'au bout des doigts (là où l'écriture frémit).
D'ailleurs, y a cette question très stupide qui m'a sautée dessus quand je suis sortie de l'auberge de jeunesse, au moment précis où je passais la porte et attaquais les marches pour rejoindre le trottoir. "Est-ce que je suis la même personne que quand j'ai franchis cette porte dans l'autre sens, quatre jours plus tôt?" Évidemment, non. Le mouvement perpétuel, c'est un truc universel, et ça n'épargne pas l'individualité (Encore heureux, sinon qu'est-ce qu'on se ferait chier. Y a pas que se découvrir soi et les autres dans la vie, y a aussi redécouvrir tout ça à chaque instant, et c'est même plus important).
Mais là, le changement, il était bien imprimé, jusqu'au bout des doigts de ma personnalité. Parce que mine de rien, s'échapper cinq jours en terre étrangère sans repère humain, ça fait voyager encore plus loin.
Avec Amsterdam, ça n'a pas été un coup de foudre instantané, c'était plutôt une conquête progressive et subtile, un charme qui s'instille en délicatesse pour mieux s'accrocher. Il y a tellement à aimer là-bas, la beauté de la ville aux premiers rayons du soleil, l'esprit ouvert à l'extrême (même que c'en est parfois dérangeant, par exemple les madames en vitrine), l'atmosphère d'ensemble à base de mélange incroyable.
J'ai rencontré des tas de gens, des Espagnols, des Suédois, des Anglais, des Néerlandais, des Irlandais, des Suisses, des Grecs, des Français, un Brésilien, une Israélienne, un Italien, un Argentin, un Polonais, un Ouzbek, ... Des touristes, des natifs, des immigrés, des indécis, ...
Alors, forcément, question échange, ça a été quelque chose (même avec ceux avec qui j'avais pas de langue en commun).
J(e dés)organisais mes journées comme ça me prenait, et le soir, je revenais me poser, discuter, fumer, rire, au bar de l'auberge.
Tous les avantages d'être en solitaire sans la solitude.
Je pouvais m'émouvoir et m'attarder comme bon me semblait devant des toiles de Van Gogh, un joli canal ou une exposition de photos, manger quand mon estomac grognait et suivre mes pieds là où ils me menaient, et puis juste retrouver des gens quand la nuit se faisait dense. Pour s'aventurer à une heure du matin dans une salle de billard à la déco psychédélico-Doors, par exemple.
C'était pas seulement de l'émerveillement, de la découverte, du dépaysement et du partage. C'était aussi du bonheur, pur.
Je suis jamais revenue avec autant non plus, dans la tête, les yeux et les oreilles, dans le cœur et les poumons, sans doute même jusqu'au bout des doigts (là où l'écriture frémit).
D'ailleurs, y a cette question très stupide qui m'a sautée dessus quand je suis sortie de l'auberge de jeunesse, au moment précis où je passais la porte et attaquais les marches pour rejoindre le trottoir. "Est-ce que je suis la même personne que quand j'ai franchis cette porte dans l'autre sens, quatre jours plus tôt?" Évidemment, non. Le mouvement perpétuel, c'est un truc universel, et ça n'épargne pas l'individualité (Encore heureux, sinon qu'est-ce qu'on se ferait chier. Y a pas que se découvrir soi et les autres dans la vie, y a aussi redécouvrir tout ça à chaque instant, et c'est même plus important).
Mais là, le changement, il était bien imprimé, jusqu'au bout des doigts de ma personnalité. Parce que mine de rien, s'échapper cinq jours en terre étrangère sans repère humain, ça fait voyager encore plus loin.
Avec Amsterdam, ça n'a pas été un coup de foudre instantané, c'était plutôt une conquête progressive et subtile, un charme qui s'instille en délicatesse pour mieux s'accrocher. Il y a tellement à aimer là-bas, la beauté de la ville aux premiers rayons du soleil, l'esprit ouvert à l'extrême (même que c'en est parfois dérangeant, par exemple les madames en vitrine), l'atmosphère d'ensemble à base de mélange incroyable.
J'ai rencontré des tas de gens, des Espagnols, des Suédois, des Anglais, des Néerlandais, des Irlandais, des Suisses, des Grecs, des Français, un Brésilien, une Israélienne, un Italien, un Argentin, un Polonais, un Ouzbek, ... Des touristes, des natifs, des immigrés, des indécis, ...
Alors, forcément, question échange, ça a été quelque chose (même avec ceux avec qui j'avais pas de langue en commun).
J(e dés)organisais mes journées comme ça me prenait, et le soir, je revenais me poser, discuter, fumer, rire, au bar de l'auberge.
Tous les avantages d'être en solitaire sans la solitude.
Je pouvais m'émouvoir et m'attarder comme bon me semblait devant des toiles de Van Gogh, un joli canal ou une exposition de photos, manger quand mon estomac grognait et suivre mes pieds là où ils me menaient, et puis juste retrouver des gens quand la nuit se faisait dense. Pour s'aventurer à une heure du matin dans une salle de billard à la déco psychédélico-Doors, par exemple.
C'était pas seulement de l'émerveillement, de la découverte, du dépaysement et du partage. C'était aussi du bonheur, pur.
(Un inconnu m'a abordée le premier soir, juste pour m'offrir ce portrait de moi)
Ecrit par Plog, le Lundi 17 Janvier 2011, 20:13 dans la rubrique This house is a circus.