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"Dans la nature, on néglige trop souvent l'extraordinaire puissance de la courge."
--> "Peut-être qu'en fait on vit tous dans une boîte en verre au milieu de la ville à caresser des oreillers."
On a tous de ces moments un peu hors du temps, hors du rythme, où on se sent quelque part en décalage avec le reste du monde, largué en route dans son mouvement de toupie affolée. Je ne parle pas de tristesse, même pas, ni vraiment de vide non plus, c'est un tout autre sentiment, bien particulier et si difficile a saisir.
Quoi qu'il en soit, on a tous ces moments-là, qui nous visitent de temps à autres et disparaissent sans jamais dire au revoir, généralement dans des situations cérébrales ou concrètes, ou les deux, différentes de l'ordinaire. Sauf que moi, ca fait maintenant huit mois que cette impression ne s'en va pas, ou ne rôde jamais très loin.
Au début, forcément, tout était si irréel, je crois que je pensais chaque jour que j'allais me réveiller dans mon lit d'un départ imaginé -aussi parce que tout avait l'air beau et brillant. Mais même maintenant que ce lit vacant est devenu le mien aussi, les événements, ou juste le déroulement de la vie quotidienne, persistent à m'apparaître plutôt flous. Comme si j'observais derrière un appareil photo mal réglé, sans toutefois me voir dans le paysage.
Je ne dis pas que je n'existe pas vraiment ici ou que je ne suis pas heureuse, parce qu'il me semble que ce serait mentir, la très grande majorité du temps.
Et puis c'est pas toujours comme ça non plus, il m'arrive de basculer abruptement de l'autre côté de l'objectif, dans un décor très net, même peut-être un peu trop - pour moi qui ne le suis pas nécessairement. Par exemple, à l'occasion, quand ma pompe à sang panique et que mon être se met à vaciller, façon épicentre de tremblement de terre, en entendant mes mots prononcés par d'autres.
C'est juste le ressenti général, et c'est assez agréable au fond. Facile, en tout cas. Juste difficile à saisir - comme le steak à peine cuit.

Ca peut juste être dérangeant quand ça concerne les émotions logées au creux de ladite pompe à sang, vous savez, la destination des palpitations de l'organe fourbe, tout ça tout ça. Parce que je la suspecte, la direction, mais ne la connais pas, et à 8000 kilomètres de là, il se pourrait très bien que ce ne soit rien de plus qu’une illusion accomodante. C'est tellement étrange de se sentir aussi décroché de ses propres sentiments. Comme si j'avais oublié de foutre les miens dans ma valise entre les T-shirts et la trousse de toilette avant de partir, et que du coup ils étaient restés coincés en France. Avec la plupart des gens auxquels ils se rattachent.

C'est pas grave, bientôt je viens les récupérer pour les laisser à nouveau exploser, planqués dans ma cage osseuse. Et ça foutra un joyeux bordel dans la brume de la pellicule.

[Nouvelle bande-son à m'en scotcher des sourires idiots sur la tronche]

 
Ecrit par Plog, le Vendredi 16 Avril 2010, 01:53 dans la rubrique This house is a circus.