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Collision
--> Ou comment j'ai (re)découvert Aragon


Y a des jours comme ça, où on retrouve un bout de verre dans sa peau.
Alors, même si le temps de se recroqueviller est passé, ça ramène quand même à la surface des morceaux épars comme les débris d'une vitre.

Un accident, un vrai , c'est pas comme dans les films.
Non, c'est ni cet énorme fracas de tôle froissée, de crissements de pneus et d'explosions en chaîne, à la percussion instantanée, ni non plus cette collision au ralenti où l'on voit chaque petite parcelle se heurter dans un silence tétanisant.
En fait, en vrai, c'est un foutu mélange des deux.
Ça arrive tellement vite et on y croit tellement pas qu'on n'a même pas le temps de s'en rendre compte. Un instant on est là, sur son vélo, à voir la voiture nous foncer dessus et à se dire que ça peut pas arriver pour de vrai. On a à peine le temps de penser ça, que c'est déjà l'instant d'après, celui où on est figé au beau milieu du rond-point, avec le sang qui dégouline sur son vélo et ses chaussures.
Du coup, y a rien, pas de bruit, et pas plus de souvenir. Néant, le trou noir, à la place de ces quelques secondes de notre existence. Et quelles secondes.

Il paraît que j'ai eu énormément de chance, parce que ça aurait pu être tellement pire. Pourtant, je me sens pas du tout chanceuse. Parce que j'aurais aussi pu ne pas me prendre de voiture. Et que c'est pas de la chance de l'avoir fait.

Mais ça aura au moins eu le mérite de me replonger un peu dans la poésie. Ces premiers soirs où j'étais seule avec la nuit et la colère qui grouillait dans mes veines, y avait que ça qui me calmait. Prendre au hasard un recueil de poèmes sur mon étagère, et lire la page où il s'ouvrait. Puis la suivante, et celle d'après. Ou d'avant. N'importe, juste lire.
Eluard, Apollinaire, Aragon... Surtout Aragon.
Au bout d'un moment, la fatigue supplante doucement le reste. Alors on marmonne comme une incantation, les mots qui se bousculent et les sens qui se heurtent, le poème se fond en une coulée apaisante et hypnotisante de sons qui se font écho.
Ecrit par Plog, le Mardi 23 Novembre 2010, 21:28 dans la rubrique I'm Not There.

Commentaires :

aphone
aphone
24-11-10 à 15:04

Wahou, c'est beau et terrible à la fois. J'aurais voulu qu'il ne t'arrive rien, mais heureusement tu es encore là pour écrire et lire de la poésie. J'espère que tu vas bien et que tu n'as pas eu trop peur. J't'embrasse !

 
Plog
Plog
26-11-10 à 22:25

Re:

C'est vraiment gentil, merci pour ton commentaire! =) Dis comme ça, c'est vrai que c'est pas mal d'être là. Ça va, ça passe avec le temps...